photo n&b·poésie

A ras-bord

je remue les mousses salivaires
dans les pièges tendus des lèvres
je ne sais plus ce qui est baiser
ou mot
dans la bouche qui palpite
je ne sais plus qui a tort ou raison
tant la voix prime sur les autres bruits

j’hésite entre le cul sec et la noyade
quand bien même mouille la scène au bord
des yeux où se barbouille le crâne
d’images floues
la bobine défilée crève dans la fonte
des événements
saigne sur l’écran cramé
dans l’alcool qui saoule à flot

aucune vidéo à la demande n’offre
un tel ventre plein de tiraillement
aucune séquence filmique ne trame aussi bien
les caractéristiques du manque
ce creux ménagé pour accueillir
toutes les dents acérées par la faim
les glandes ont la sécrétion persuasive
et on se dit mort de soif

rien ne gâte comme le sucre l’accès
à la mémoire comme
un coma éthylique où
pris de boisson on ne se rappelle rien
des raisons de la veille
quand déjà l’ivresse est loin
ce sable alcoolisé où on s’enlise
où on s’ensevelit

on dérive on dégueule ses tripes à la fin
quand bien même on a l’estomac
et le cœur vides
on continue à boire et remplir la vie à ras bord

Perle Vallens

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