Il n’était pas là l’instant d’avant et maintenant, il prend toute la place. Il occupe tout l’espace.
Il avait quitté ma tête un moment. Je respirais sereinement, regardant loin devant dans la lumière blanche d’après midi. Et je l’ai senti, brusquement, brutalement. Sa tête à l’orée de la trachée, heurtant, cognant à l’huis de ma gorge. Un étau si large, un écho si grand. Lui au fond de ma poitrine, les cheveux chatouillant mes profondeurs, les yeux d’une fixité mobile, roulant dans mes entrailles, sa voix emprisonnée dans ma cage thoracique, les dents cliquetant entre deux côtes. Je me suis mise à suffoquer. L’air ne passait plus. Ni les sanglots. Ni les mots. J’ai voulu crier, lui dire qu’il me tuait mais aucun son n’est sorti.
J’étouffe en silence. Comprimée, si pleine de lui, j’expire, j’explose de l’intérieur.
Opération express requise. Arracher le cordon, vider le liquide dans la cuvette, cracher son propre sang, arracher ses organes. Chirurgie réparatrice d’urgence. Remplacer le cœur, il bat à contre temps. Sans oublier le sexe qui balbutie à contre sens.
©Perle Vallens